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Pinia, vaste pinède et dernière grande forêt du littoral corse, est bordée par les rives de l'étang d'Urbinu
et par 3,5 kilomètres de plages de sable.
Sauvé in extremis d'une gigantesque erreur touristico-immobilière dans les années 1970, le site est aujourd'hui protégé.

20000  LITS  SOUS  LES  PINS
L'histoire de Pinia est mal connue. De mémoire d'homme, la forêt, autrefois plus étendue, a toujours été exploitée.
Ce territoire, partagé par plusieurs communautés de la région, n'était pas occupé en permanence à cause des incursions de pirates et de la malaria. Depuis le XVIIe siècle, Pinia est demeuré un grand domaine. D'abord propriété de patriciens génois, il est annexé par la jeune nation corse au XVIIIe siècle, puis par le Monarchie française. A cette époque, en dépit de règles sévères, les coupes de bois, autorisées ou illégales se multiplient et un garde est chargé de la surveillance. En 1782, un incendie ravage la plus grande partie de la forêt. Du XIXe siècle au début du XXe, l'exploitation du bois semble s'interrompre et des éleveurs s'installent pendant l'hiver. En 1927, une société achète le domaine et en 1964, une partie des terrains est revendue à la SETCO ( Société d'économie mixte pour l'équipement touristique de la Corse ).
En 1973, cette société lance le plus important projet d'aménagement touristique ( 20000 lits ! ) qu'ait jamais connu l'île.
Devant l'hostilité des associations et des élus, le projet sera finalement abandonné.
En 1983, le Conservatoire du Littoral achète le Domaine de Pinia.


PINS  MARITIMES

cette grande forêt littorale est surtout composée de pins maritimes. Près de l'étang d'Urbinu, les pins se mélangent aux chênes verts ou laissent la place à un maquis dense. Ça et là, des aulnes, des saules ou des peupliers blancs signalent la présence de petits marais. Les pins sont pour la plupart âgés d'une quarantaine d'années et dépassent 70 ans dans certains secteurs. Sans doute ont-ils poussé après que la forêt ait été déboisée par des coupes très sévères ou un incendie. La croissance des arbres a été régulière pendant les 20 ou 30 premières années de leur vie et s'est ensuite considérablement ralentie. En effet, les pins poussant trop près les uns des autres sont entrés en concurrence pour la lumière et l'alimentation dans le sol.
En collaboration avec le Conservatoire, l'Office National des Forêts gère et entretient la pinède. Des coupes sont pratiquées pour éclaircir la forêt, des pare-feux sont entretenus et le bois est exploité sur de petites parcelles.
La pinède pure et dense abrite peu d'espèces d'animaux ou de plantes.
Les zones de maquis, chênes et petits marais sont en revanche plus riches.
Elles sont conservées en l'état et constituent des réserves biologiques.


LA GUERRE  DES  LÉZARDS

Étalé sur le sable tiède de la dune ou au bord d'un chemin, il se chauffe au soleil, puis farfouille dans les herbes à la recherche de quelques grillons ou araignées. C'est le lézard sicilien, très commun à Pinia. Venu d'Italie, il est sans doute arrivé dans la région de Bastia à une époque récente, à l'occasion d'échanges maritimes avec la Toscane. Il est ensuite parti à la conquête de l'île. Très à l'aise sur terrain plat, il s'est bientôt répandu dans les plaines et le long de vallées. Mais la place était occupée par un vieil habitant de ces contrées, le lézard tiliguerta, vivant en Corse et en Sardaigne. La lutte pour la nourriture et pour l'espace, concurrence sans merci, a tourné en faveur du nouvel arrivant dans les régions de plaines où le lézard tiliguerta a été pratiquement éliminé. En revanche, dès qu'apparaissent les premiers reliefs de collines, le tiliguerta défendait victorieusement son territoire. Aujourd'hui, les lézards siciliens poursuivent leur progression dans l'île, mais à Pinia quelques irréductibles lézards tiliguerta résistant encore...

DUNES
Là où les vagues lèchent le sable, commence la plage de Pinia. Selon les saisons, les courants, la mer y dépose de bien curieux objets : amas de coquillages orangés, squelettes d'oursins fragiles et irréguliers, feuilles et pelotes de posidonies, branches emportés par les crues des rivières, déchets flottants de plastiques ou de verre...
Un peu plus haut le sable est sec. Les empreintes palmées d'un goéland croisent les traces hésitantes d'un mulot venu pendant la nuit. Encore quelques mètres , les premières plantes apparaissent et les feuilles raides du chiendent percent le sable. La pente s'accentue et commence la dune. Faite de sable, elle est construite par le vent et tenue par les racines des plantes. Touffes d'oyat, marguerite des sables, liseron soldanelle et lys de mer sont ici à leur place.
Juste en arrière pousse le genévrier à gros fruit de Méditerranée qui peut vivre plusieurs siècles. La dune préserve l'intérieur des terres des influences marines. Sous sa protection, le maquis et la pinède se développent.
Bien plus qu'un simple tas de sable, elle est vivante, fragile et sans cesse en évolution.
A Pinia, le Conservatoire du Littoral a réalisé des aménagements pour la mettre hors d'atteint des véhicules tous terrains et des genévriers ont été replantés pour reconstituer la végétation endommagée par la circulation et les incendies.


L'ULTIMU CERVU

C'est vers 1968 que s'est éteint le dernier cerf de Corse.
Il devenait de plus en plus rare depuis la fin du XIXe siècle, disparaissant peu à peu de plusieurs régions.
Dans les années 1930, les cerfs ne subsistaient plus que dans les plaines de la côte orientale et la forêt de Pinia a constitué leur dernier refuge. La chasse et les défrichements massifs opérés sur le côte orientale, sont responsables de leur extinction. On ne sait finalement pas grand chose de cet animal. Il était plus petit que le cerf continental et vivait dans le maquis et la forêt jusqu'à 1000 m d'altitude. Sa présence dans l'île n'est pas très ancienne, il y a sans doute été amené par l'homme au Moyen Age ( ou à l'époque romaine ). Depuis quelques années, le Parc Naturel Régional de Corse a entrepris de réintroduire le cerf dans l'île, à partir d'animaux provenant de Sardaigne, élevés en enclos. Si l'évolution des mentalités le permet, le cerf parcourera à nouveau le maquis corse un jour prochain...

( extrait de la brochure du Conservatoire du Littoral )

PINIA



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